vendredi 1 octobre 2010

7e Biennale du marronnage à Matoury

“Photographies, sculptures, peintures et installations d'artistes du plateau des Guyanes, de l'Amazonie, des Caraïbes, du Gabon ou de l'Hexagone se sont donné rendez-vous au cœur de la ville de Matoury.


Pour cette nouvelle édition, l'exposition d'arts visuels s'est voulue internationale, pluridisciplinaire et "hors les murs". Pour la première fois, elle sort de la salle d'exposition pour offrir au regard des habitants, en différents endroits de la ville, les œuvres d'une vingtaine d'artistes originaires du triangle des cultures formé par les trois continents : africain, européen et américain.


L'art est dans la cité, sur les façades, dans les rues, les quartiers et les établissements scolaires, au plus près des matouriens. Cette exposition veut aussi rendre hommage au peuple haïtien dont le "marronnage collectif" a donné naissance à la première république noire...”
(David Redon, Commissaire d'exposition)

C'est un immense plaisir pour moi de participer à cet événement guyanais, durant lequel deux de mes photos seront exposées, dont l'une est extraite de mon dernier ouvrage “...The Rest” :




Martinique LTD au New College d'Oxford

La salle “The long room” du New College d’Oxford, fondé en 1379, accueille l’exposition Martinique Ltd.



Vous pouvez découvrir l’histoire de ce site en français ou en anglais.



Cette exposition a lieu du 27 septembre au 2 octobre dans le cadre de la “Caribean Week”, organisée par Eva Sansavior et Richard Scholar à la Maison française d'Oxford.



De nombreux spécialistes et universitaire venu de la Caraïbe, du Japon et des États-Unis y débattront des enjeux de la mondialisation dans l’archipel caribéen.

samedi 15 mai 2010

Un pont au-dessus de l'Atlantique

La Martinique accueille une magnifique exposition de Pierre Verger : “Un pont au-dessus de l’Atlantique”. Née de la volonté de David Redon, cette exposition itinérante (Guyane française/Brésil/Surinam) est mise en forme par Alex Baradel de la fondation Pierre Verger.

Elle présente un travail inédit du grand photographe et ethnologue : un regard sur les Amériques noires et plus spécifiquement sur la culture Afro-Américaine du plateau des Guyanes, qui est mis en perspective avec d’autres images de nos régions voisines comme Haïti, Cuba ou la Guadeloupe.

Mon attention a été retenue tout particulièrement par une photographie ayant pour légende : “Rue, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe 1936-1937”. Simple scène de rue, elle représente une passante devant la devanture d’un bazar.

En dehors de l’émotion que cette image, par sa beauté plastique, a suscitée en moi, je dois dire que la date 1936 m’a intrigué. S’agit-il d’une erreur (36-46-56-66) ou est-ce une date avérée ?

À vrai dire, peu importe tellement, dans mon imaginaire et mon vécu, la scène représentée correspond à ma propre réalité, à quelque chose d’éprouvé dans ma propre enfance/adolescence et qu’il me semble encore percevoir dans le quotidien.

Verger passerait par là aujourd’hui que seuls auraient changé l’étalage dans la vitrine, les promotions et le diffuseur antimoustique. Il y a une espèce de permanence saisissante dans cette image, ou en tout cas, dans ce qu'elle m’évoque.

Et ce qu’elle m’évoque contient toute la complexité de notre culture, de notre langue créole, de notre devenir. En effet, cette image porte en elle quelque chose d’irrémédiablement “créole” dans la disposition des objets, leur accumulation, leurs signes et leur antinomie.

Comment expliquer ce double portrait : à la fois le portrait d’une jeune antillaise et celui d’un univers post-colonial rendu visible par la présence d’un mannequin à la main levée et vêtu de gants, d’une canne et d’un smoking ?

Si l’on comprend que la jeune femme vêtue de sa coiffe traditionnelle est au cœur de l’image, celle-ci prend forme et se construit autour d’elle. Physiquement elle en occupe le centre. “L’homme”, qui n’est pas immédiatement perçu comme un présentoir, lui fait écho par ce bras levé qui crée un mouvement alternatif avec le sien placé sous sa poitrine.

Imaginons un instant son bras le long du corps et la photographie perdait son lien, et sa composition en serait amoindrie.

La complémentarité du geste et de la posture existant entre “eux deux”, dans ce faux couple, crée un effet de balançoire qui est accentué par le fait que le mannequin, probablement posé sur une marche, est plus grand que la passante.

Sa position bord cadre le met curieusement en mouvement (cela semble se confirmer par sa canne tenue de la main gauche et faisant corps avec lui) comme s’il allait sortir du champ, tandis que la main levée comme un salut ou une invitation à le rejoindre lui donne une formidable dynamique.

Pour compléter le geste, les regards sont aussi en mouvement inversé : l’un vers le haut, l’autre légèrement en plongée, perdu dans ses songes. Enfin, on note également que le “hasard photographique” fait que la femme est modestement vêtue de blanc tandis que l’avatar est élégamment monté d’un costume noir de cérémonie.

Entre les deux protagonistes, sur le volet de bois situé derrière eux, on remarque une espèce de petit inventaire à la Prévert — surréaliste. Un lave-main y est accroché tandis que par trois fois revient une publicité pour les maillots HELLE.

Publicités qui s’adressent bien entendu à une femme européenne d’une autre classe sociale que notre passante, cependant on les croirait installées ici à simple titre de décoration. Un peu comme un poster destiné à habiller le mur au même titre que cette marque d'antimoustique “qui tue”.

Du reste, l’élégance des femmes représentées par le dessin, pas plus que le mannequin, ne s’accordent avec la devanture. Pourtant ils la font… Je suis persuadé que ce qui a intrigué notre photographe au préalable est juste cette devanture, ce mannequin et ce mot Helle par trois fois répétés.

Puis ELLE est entrée dans l’image, magique, silencieuse, le visage infiniment doux et apaisé. ELLE ne voit pas le photographe, pas plus que le mannequin. ELLE passe...

Verger comprend, il déclenche. Il savait par intuition que quelque chose manquait à son image pour la parfaire. En la cadrant en légère contre-plongée il lui coupe les pieds. Et c’est bien ainsi : la robe qui s’étale au bord de l’image donne au personnage un aspect léger, comme si elle flottait. Cela même renforce sa présence.

mardi 6 avril 2010

“…The Rest” révèle d'inoubliables présences

Pour tout savoir sur “…The Rest” :
L'ouvrage
Le reportage télévisé
L'interview de l'auteur
Le lieu de l'expo
L'expo

Avec Tracées de mélancolie, puis Cases en pays-mêlés et enfin Gens de pays en 2006, J.-L. de Laguarigue est lentement parvenu à une présence photographique au présent de son pays, qu’il regardait depuis l’enfance à travers la vitre invisible mais opaque posée par la société d’habitation. Là où ces photos nous parlaient de “mélancolie”, le plus souvent on a compris à tort “nostalgie”, enfermant du coup cette œuvre photographique dans la catégorie paresseuse, consensuelle et pour tout dire aveugle du “mémorialiste”. On y a vu des plaintes nostalgiques alors qu’il s’agissait d’ouvertures mélancoliques, timides et touchantes aux présents du présent de l’âme créole.

Cette mise au point permet de comprendre que c’est en réalité avec “…The Rest” que le photographe affronte son passé pour la première fois. Un passé qui n’existe plus mais qui insiste au point de devenir envahissant. Un passé non pas fixé dans son avoir-été, mais étrangement saisi sur le vif de son évanouissement. “…The Rest” est en effet l’involontaire révélation photographique de présences inoubliables, s’effaçant inéluctablement.


“…The Rest” commence par la rencontre fortuite du photographe et d’une boîte à chaussures sur sa table d’opération numérique. La boîte à chaussures est remplie de banales photos-souvenirs et de leurs négatifs. Ce ne sont que de mauvaises photos, en outre abîmées par le temps, aussi bien le temps qui passe que le temps qu’il fait aux Antilles. L’humidité tropicale et la durée semblent en effet avoir conspiré pour faire subir d’étranges métamorphoses à ces clichés : des tâches compromettent désormais la lisibilité de ces images dont certaines se sont carrément mises à pelucher. Pire encore, ces photos ayant été entassées dans la boîte à chaussures souvent face contre face, par on ne sait quel processus chimique les photos se sont échangé des bouts d’elles-mêmes venus se surimposer sur telle partie de la photo d’en face, au point de faire maintenant chimiquement corps avec celle-ci, et de l’habiter à la façon d’un spectre. Ce phénomène de surimpression a rassemblé au hasard dans une même photo des personnes désormais à côtés les unes des autres mais toujours séparées, formant d’improbables couples fantômes.

Lorsque le photographe tombe sur ces photos, elles font dans son regard un désordre 
qui a la portée d’une révélation : au moment où la photographie est en train de rompre avec l’argentique, Jean-Luc de Laguarigue comprend soudain qu’on n’a pas laissé le temps aux sels d’argent d’aller au bout de leurs effets ; que si le temps standard d’action du révélateur déterminé par les laboratoires de développement industriels fixe des identités et produit des clichés, il revenait au photographe de laisser au révélateur le temps suffisant pour aller au bout de ses possibilités trop longtemps ignorées. Abandonner le développement à l’industrie qui lui impose ses contrôles et ses normes, ce n’était pas seulement policer la qualité de la photo, c’était manquer les richesses et les libertés secrètes de l’argentique.

En voyant ces vieilles photos métamorphosées par le temps, Jean-Luc de Laguarigue surprend le développement en train de se défaire ou de se poursuivre au delà de l’attendu et du 
normal, comme si le fixateur, ayant perdu de sa puissance, d'autres 
révélations longtemps endormies dans le papier pouvaient enfin se libérer, selon un processus chimique contenu secrètement depuis le départ dans le révélateur. Si un 
peu de temps de révélateur produisait un cliché, beaucoup de temps pouvait créer une matière première photographique dont le photographe allait pouvoir faire une œuvre à la façon d’un alchimiste qui, d’une chose, en tire une tout autre.

À partir de ces photos-monstres, de Laguarigue réalise alors des photogrammes à l’ère numérique en transformant l’outil numérique en plaque sensible, non pas à la lumière, mais à l’image photographique elle-même. Par moments, on ne sait plus si l’on regarde des photos ou des négatifs. Mais l’impression qui domine est celle d’être en présence de restes photographiques appareillés et sublimés jusqu’à leur arracher une étrange beauté.

Il faut l’œil d’un grand photographe pour voir dans ces déchets d’images de grandioses effets plastiques à la fois uniques et impossibles à reproduire. Il faut en outre l’œil d’un immense coloriste pour détecter les valeurs plastiques de ces taches involontaires.

Un œil qui bouleverse non seulement l’ordre du visuel mais le champ photographique tout entier en rendant incertain le partage entre l’argentique et le numérique, les négatifs et les tirages, le créé et l’accidentel. Un œil sensible à la puissance du visible que masque d’ordinaire l’ordre du lisible. “…The Rest” fissure effectivement l’ordre du regard : les perspectives s’emmêlent au point que les lignes de fuite ne coordonnent plus les plans mais les empilent, détruisant du même coup la profondeur de champ au profit d’une sorte de feuilletage des plans. Mais à mesure que l’image perd en lisibilité, elle gagne en visibilité et en beauté.

Il y a une nouvelle visibilité secrète de l’image, cachée à l’endroit même où le regard d’ordinaire ne sait pas s’attarder mais glisse. Ainsi, à l’intérieur du corps du prêtre, on devine deux icônes incorporelles : les images fantomatiques du couple qu’il vient de marier. Incroyable mariage de photos, enfanté par le hasard et le temps dans l’œil-matrice du photographe.

Nous voilà prévenus : ces photos ne s’offrent pas au regard qui campe dans sa logique quotidienne. Elles demandent de secouer l’ordre du regard pour se rendre sensible à ces points forts qui logent sinon au centre, assurément au cœur de la photo.

Voici donc une œuvre photographique entièrement réalisée non seulement sans la moindre prise de vue, sans le moindre déclic, mais sans appareil photographique. Mais loin de signifier un renoncement à l’argentique ou à la photographie “…The Rest” en accomplit au contraire l’étonnante révélation. Si ces photographies échouées d’une mémoire en décomposition et flottant quelque part dans l’inachevé ont une existence interrogative, leur beauté, elle, est indubitable.

(Guillaume Pigeard de Gurbert)

lundi 15 mars 2010

Exposition "...The Rest"

Extrait de l'ouvrage “…The Rest”, un corpus exceptionnel de 33 tirages sera présenté en exposition-vente à l'habitation Saint-Étienne du 29 mars au 17 avril 2010.


samedi 6 février 2010

Photographie, médias et capitalisme


Voici un ouvrage sur la photographie qui fait écho à mon travail.

Sous la direction de François Soulages et Julien Verhaeghe, de nombreux chercheurs, critiques et philosophes mènent une réflexion sur la photographie d'aujourd'hui avec, pour point de départ, la pensée de Deleuze et Guattari dans Capitalisme et schizophrénie.

Étonnantes et instructives, ces analyses mettent en œuvre des hypothèses et créent un champ de pensée et d'expérimentation sur la question actuelle, décisive en ces temps de crise, du triangle conceptuel et réel : photographie, médias et capitalisme.

L'ouvrage est divisé en cinq moments :

• 1er moment — Capitalisme
• 2e moment — Média
• 3e moment — Photographie
• 4e moment — Imaginaire
• 5e moment — Art

Dix-sept auteurs participent à ce travail collectif, dont Guillaume Pigeart de Gurbert pour son analyse de mon travail dans un texte intitulé : “La Martinique de Jean-Luc de Laguarigue ou les ruses d'un photographe au pays du cliché”.

“Cet œil du photographe qui ne guette pas le réel et ne reproduit pas des clichés mais voit des photos et voit en photos, il faut bien l'appeler photo-sensible.”

Édité par le groupe EIDOS, publié avec le concours du groupe de recherche RETINA International et distribué par L'Harmattan, l'ouvrage est disponible sur Amazon (21,50 €).

lundi 25 janvier 2010

Les merveilleux vieux timbres de la Martinique

“C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants…
(Arthur Rimbaud)


Village de Basse-Pointe 1,40 F

Dans le tiroir de mon vieux buffet, j'ai trouvé par chance une série de timbres oubliés dans une enveloppe. Ils datent probablement des années quarante ou cinquante.


Martiniquaises 65 centimes

Bien que le sujet n'ait aucun rapport avec la photographie, il s'agit tout de même de la Martinique et je trouve intéressant de présenter mon pays sous cette forme graphique et historique.


Village de Basse-Pointe 22 centimes

Je reste persuadé qu'il est important de conserver ces preuves de notre existence — souvenirs auxquels nous accordons une valeur émotionnelle et sentimentale — et de les partager, même si elles peuvent paraître insignifiantes.


À gauche, Martinique 5 centimes
À droite en haut, Palais du Gouvernement 1 franc
À droite en bas, Martinique 2,50 F


vendredi 22 janvier 2010

Foudres Édouard Glissant


Le plus vieux chai de vieillissement de l'habitation Saint-Étienne a été transformé en salle dédiée à des expositions et à des événements culturels. Baptisée "Foudres Édouard Glissant, elle a été inaugurée aujourd'hui en présence du poète et écrivain.


José Hayot s'est adressé à Édouard Glissant en ces termes :

Cher Édouard, Mesdames et Messieurs,

La circonstance qui nous unit aujourd’hui n’est pas du domaine de l’ordinaire ni du quotidien car si, mon cher Édouard Glissant, tu t’es souvent rendu dans ces lieux à titre amical, ta présence aujourd’hui revêt un caractère fortement symbolique.

Traversée par la rivière Lézarde, l’habitation Saint-Étienne est à mi-chemin entre le morne Bezaudin qui te vit naître, et le Lamentin où tu grandis quelques années plus tard. Au moment de la descente vers la plaine, ta mère qui te portait dans ses bras, a certainement dû traverser ces lieux, entre ces vieux arbres qui ont beaucoup vécu et qui rayonnent, comme tu l’as si bien écrit, de “mystère et de magie”.

Quand, il y a 16 ans, avec Florette et l’ensemble de nos collaborateurs, nous nous sommes attachés à relancer la marque Saint-Étienne et à restaurer l’ancienne habitation alors à l’abandon, nous étions conscients de la lourde charge émotionnelle qui pesait sur ces lieux.

Pour beaucoup d’entre nous, ces lieux conservent les souvenirs d’un passé douloureux. Pourtant, il nous est apparu qu’en ces mêmes lieux, sur ces anciennes fondations, pouvait s’écrire une histoire nouvelle. Nous croyons que le passé n’est pas donné une fois pour toute, qu’il se nourrit du présent, qu’il se transforme avec lui, et que c’est dans cette évolution constante qu’il nous offre du futur.

Dès le début, nous avons ouvert les portes de Saint-Étienne aux arts, à la poésie et à la musique. Aujourd’hui, c’est ce chai qui est l’un des plus anciens témoins de l’histoire de cette habitation, mémoire de pierre et de fermentations, que nous dédions aux artistes et aux créateurs. Création de ce qu’il peut exister de plus subtil, de plus inattendu, de plus élégant dans un rhum quand il est réussi.

Néanmoins, un tel lieu ne pouvait pas s’envisager en dehors de quelque chose qui lui donnerait une âme, qui l’habiterait d’une haute intention. C’est pourquoi nous avons tenu à t’accueillir ici, cher Édouard. Et c’est pour nous tous, un immense honneur que tu aies accepté que ce lieu porte ton nom.

De Terre Rouge, de Tracée, de Deux-Terres, de Bois-d’Inde, de Bois Lézard, de Dumaine, de Glottin, du Morne Calvaire, du Morne des Olives, du Gros Morne, de Marigot, de Trinité, de Sainte-Marie, du Morne des Esses, du Robert, du Fonds Saint Denis, de Saint Joseph… nous sommes tous là, venus partager avec toi ce moment où un lieu de mémoire se dote d’une belle âme et d’une grande exigence.

Nous sommes aussi venus pour te remercier de tout ce que tu as fait pour la Martinique et pour notre compréhension du monde .

Alors, cher Édouard, je sais que ce qu’il y a de plus difficile, c’est bien de rendre hommage à quelqu’un qui n’aime pas les hommages. De faire honneur à quelqu'un qui n’aime pas les honneurs. Je ne prendrai donc pas ce risque.

Mais te dirai simplement, au nom de tous ceux qui travaillent ici, au nom de Florette, au nom de nos enfants qui malheureusement n’ont pu être là aujourd’hui, merci, et que ton nom sur ces vieux foudres, mon cher Édouard, nous inspire le plus beau des nectars.

Édouard Glissant a répondu à José Hayot par un discours improvisé, empreint d'une très grande émotion…


Pose de la plaque à l'extérieur du bâtiment :


De nombreux artistes étaient présents dont Patrick Chamoiseau, fidèle ami d'Édouard Glissant :




lundi 18 janvier 2010

L'art d'être un homme


Cet ouvrage constitue une exploration originale des identités masculines : les bijoux, les vêtements et les emblèmes, de même que la statuaire représentant des personnages avec des parures, traduisent les codes du paraître. L’iconographie (qui inclut l'une de mes photos) très riche de ce livre s’appuie tant sur des œuvres exceptionnelles appartenant à de grands musées ou à des collections privées que sur des documents, gravures, dessins et photographies évoquant les contextes dans lesquels les arts de la parure se sont développés.

Défier les règles du paraître jusqu’à la parodie est une tradition aux Antilles, tradition qui se perpétue en période de carnaval : des groupes de travestis forment un cortège nuptial où les sexes se trouvent inversés. Les rapports ambivalents du féminin et du masculin dans cet espace théâtralisé qu’est le carnaval sont finement analysés par Ina Césaire.

Une publication du Musée Dapper (328 pages, format 24 cm x32 cm, 32 euros)

Les auteurs :
• Christianne Falgayrette-Leveau, directeur du Musée Dapper, spécialiste des arts et des littératures de l’Afrique subsaharienne.
• Anne Van Cutsem-Vanderstraete, historienne de l’art.
• Alfred Adler, spécialiste du Cameroum et du Tchad.
• Gilles Bounoure, critique d’Art.
• Ina Césaire, docteur en ethnologie et spécialiste de la littérature orale antillaise.
• Alain Mabanckou, écrivain et professeur de littérature francophone à l’université de Californie, prix Renaudot en 2006 pour son roman Mémoires de porc-épic (Éditions du Seuil).


mercredi 13 janvier 2010

La France d'outre-mer


Un an après la grève qui a paralysé la Guadeloupe mais touché aussi la Martinique, la Guyane et la Réunion, “Le Monde 2” publie un hors-série sur la France d'outre-mer.

Aimé Césaire fit un jour la réponse suivante à une question de Françoise Vergès : “Liberté, égalité, fraternité, prônez toujours ces valeurs, mais tôt ou tard, vous verrez apparaître le problème de l’identité. Où est la fraternité ? Pourquoi ne l’a-t-on jamais connue ? Précisément parce que la France n’a jamais compris le problème de l’identité.”
Outre-mer, le problème ce n’est pas l’identité nationale, c’est l’identité tout court. Pour tenter d’approcher cette identité ultra-marine faite de mémoire, de créolité et aussi de révolte, nous avons laissé la parole à Patrick Chamoiseau, Édouard Glissant, Françoise Vergès mais aussi Jacob Devarrieux ou Audrey Pulvar.

(Extrait de l'avant-propos de Michel Lefebvre, couverture de Alexis Peskine)

Richement illustré et documenté, ce hors-série propose également deux portfolios, l’un de Denise Colomb (chargée en 1948 par Aimé Césaire d’une mission ethnographique aux Antilles) et l'autre de portraits en noir et blanc et couleur que j'ai réalisés il y a quelques années, dont deux inédits.