mercredi 23 novembre 2011

Bagne

Bagne, le nouveau livre de Jean-Luc de Laguarigue, suivi du texte de Patrick Chamoiseau "Traces-mémoires du bagne", vient de paraître aux éditions Gang. Il est disponible en librairie et sur le site des éditions Gang.

Il s'agit d'un superbe ouvrage au format généreux (33 cm x 32 cm fermé) de 104 pages quadri sur papier certifié FSC 150 g, couverture cartonnée et reliée pleine toile avec bandeau.

=> Patrick Chamoiseau, extrait de Traces-mémoires du bagne :
“Dans l'imaginaire commun, la terre guyanaise s’était vue phagocytée par la représentation du bagne. Jusqu'en 1946, et même au-delà, dire « Guyane française » c'était dire tout bonnement : « bagne ».



En plongeant dans les histoires du bagne, j'ai trouvé tous les héroïsmes, toutes les dignités, toutes les ferveurs, mais aussi toutes les inhumanités, les dénis agresseurs, le comble des souffrances et des indignités, l'absolu des courages et des faiblesses, un concentré hallucinant de ce qui fait l'homme : déflagrations d'ombres et de lumières, de lumières dans l’ombre et d’ombres qui éclairent.



Le tout aurait pu à jamais s'effacer. Mais la mémoire des hommes qui étaient passés là, qui avaient souffert là, s'est mystérieusement maintenue. Des usures de cet affrontement est né le plus étonnant des patrimoines de l'humanité…”



=> Jean-Luc de Laguarigue, extrait de la préface :
"L’instant de la découverte déclencha une charge émotionnelle si puissante que je fus submergé par des sentiments contradictoires : l’envie de passer rapidement tout en voulant pousser plus loin l’exploration ; l'idée d’être totalement perdu et la conviction d’être naturellement au bon endroit, au bon moment ; l'illusion de vivre un rêve éveillé et la révélation de mille formes humaines et inquiétantes dans chaque ombre ou racine, comme quand j’étais enfant ; la constatation que j’étais seul et l’intuition que des yeux invisibles m’épiaient ; et puis ces ondes du vent sur ma peau qui faisaient écho aux vibrations du lieu et de la mer…



Je voyais la pierre suintant qui m’offrait toutes ses mémoires ; la couleur des arbres qui, par osmose, se décalque sur les murs ; les murs qui épousent les racines comme des corps fossilisés, formant çà et là des tumeurs et des excroissances. De partout venaient à moi le silence et le bruit, la chaleur et l’humidité, et le ressac de la vie et de la mort imbibant cette forêt de pierre et de bois de laquelle surgissait une danse de fantômes."