dimanche 25 octobre 2015

Mémoire-miroir d'enfance / 3

Le jet d'eau ne fonctionnait que de temps à autre. Le mettre en marche, quand la saison le permettait, faisait de l'apparition soudaine de cette pluie artificielle en saccade et en cascade, de sa puissance, de sa fraîcheur, mais aussi de son éclat et de sa musique dès qu'elle frappait les éléments de zinc, un enchantement.

Le petit bassin rempli devenait alors l'aire de nos improvisations. C'est la rivière qui, par un système de pompe, l'alimentait. Dans cette fontaine à jeux, le peu d'entretien de la cuvette en ciment, le mélange d'humus et de terre laissaient souvent sur la peau quelques marques rouges... ou bien était-ce la rencontre fortuite avec un insecte ? La douche était obligatoire après le barbotage.

Plus loin, adossés à la maison principale et faisant un angle avec celle-ci, des bâtiments abandonnés flanquaient une petite allée de pierres rouges et noires. Ces ruines constituaient un monde de mystère et d’épouvante pour les enfants que nous étions.

Dans la petite cour intérieure fermée par des grilles, je jouais avec mon lapin. Je ne sais plus s'il a jamais été nommé. Je me souviens de ses coups de pattes sur mes jambes quand j'essayais de l’attraper par les oreilles. Je me souviens aussi de l'herbe de la pelouse qui me piquait les pieds.


                                                                    
Mémoire d'enfance N°3. © Jean-Luc de Laguarigue