© jean-luc de laguarigue. Diamant, 1955 |
Les enfants ont inventé leur montagne, les quelques centimètres qu’ils gagnent sur leur monticule suffisent à les détacher les faisant paraître plus grand. Leurs trois mains ouvertes et leurs bras écartés me font croire qu’ils ont tourné, s’offrant une ronde. La petite fille interrogatrice regarde son frère, tandis que celui-ci, partant dans une nouvelle aventure, d’un mouvement de pied vient d’expédier un peu de sable ; son geste crée un flou, seule expression photographique de mouvement dans cette image ou tout paraît immuable. Au loin un gommier reste fixe, aucun sillage n’est visible à l’arrière ou un homme debout tient une rame levée, le second est assis offrant son dos et on imagine qu’il lève une nasse ; opération courante dont j’ai souvent été témoin et qui s’est perdue aujourd’hui si près de ce rivage. Un détail m’attache parce qu’il révèle l’instant dont chaque photographe est à l’affût. Le voilà qui apparaît dans l’ouverture de l’écart du bras du garçonnet qui laisse entrevoir le profil d'un deuxième canot, l’on y devine un pêcheur remontant son casier.
Tout est calme, la mer en clapotis a rejeté ses baigneurs pour une autre fois, le ciel est haut dans son azur jauni, les nuages filent léger. L’arrière-plan vaporeux, délicatement estompé donne une impression de crayonné faisant paraître les jeunes danseurs plus saisissants dans leur fraîcheur enfantine.
Trois menottes ouvertes balancent sous l’horizon,
Trois pêcheurs vont à leur affaire,
Un rocher de diamant témoigne, mélancolique,
Trois petits tours et puis s’en vont…
Le temps d’une photographie.